Voici un courrier qui est arrivé jusqu’à moi d’un auditeur qui voulait réagir à l’émission du 10 Décembre où je recevais Jean Rosselot. Le voici dans son intégralité:
Monsieur Rosselot,
du point de vue d’une poignée d’auditeurs, votre intervention du 10 décembre 2012, sur Radio Bip, à la seule émission qui n’a pas de nom, s’est révélée être un véritable outrage pour la jeunesse populaire. Nous ne parlons pas au nom des « jeunes pop » de l’UMP, qui n’ont de populaire que le nom.
Vous osez comparer notre jeunesse, celle de la crise, à la vôtre, celle des 30 glorieuses. Vous avez dit des jeunes, qu’ils n’avaient qu’à travailler. Que croyez-vous que l’on fasse? Des petits jobs à 200€ par mois, des missions interim en usine, alternant avec des périodes de chômage, l’insuffisance de droits sociaux avant 25 ans forment notre quotidien.
Sur ce dernier point, quel étonnement que de vous avoir entendu soutenir qu’avant 25 ans, on avait droit au RSA! Des membres de votre parti en traitent les bénéficiaires d’assistés. Vous, vous ne connaissez pas les difficultés, voir l’interdiction d’obtenir les moyens de vivre, non pas dignement, mais de survivre. Le seul droit social accordé aux jeunes est la bourse d’études sur critère sociaux. Nul doute que pour ces étudiants, écouter vos cours doit être rageant, vu le mépris que vous pouvez leur montrer. Ne vous étonnez pas de les voir déserter les bancs!
Vous êtes surpris d’avoir à admettre qu’avant 25 ans les SDF que vous voyez chaque jour ne sont pas des assistés, mais des pauvres.
Les assistés de notre génération, ce sont les jeunes dont les parents financent leurs études, leur logement, leur nourriture, leur permis de conduire… Ces assistés, vous les côtoyez dans votre fac. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils sont loin d’être autonomes.
Ceux qui le sont, ont des boulots de merde et des salaires de misère. Ils n’ont pas toujours la chance de poursuivre leurs études.
Etonnez-vous et décriez le fait que l’on puisse s’adonner au vol à l’étalage, que nous consommions ou vendions de la drogue, que nous fouillions les poubelles des grandes surfaces, quand bien même il en faudrait arracher les cadenas.
Qu’est-ce que l’exclusion? C’est ne pas monter dans le bus et marcher dans la rue. C’est ne pas rester chez nous parce que c’est pourri, que le frigo est vide, qu’à la télé ou à la radio, vous et vos sbires nous insultent. Dehors, nous avons les poches vides. Nous restons sur le palier des magasins et des bars. Impossible d’être consommateurs. Notre présence dérange. Vos flics nous harcèlent, nous frappent et nous enferment, dès le moment où on ouvre notre gueule ou que nous prenons ce qui nous est dû.
Parler de droit, c’est votre métier. Avouez que nous n’avons pas les mêmes droits, et pourtant les mêmes devoirs. L’exercice de notre liberté est trop restreint pour que nos choix soient toujours légalistes.
La rage que certains d’entre-nous mettent à manifester contre votre parti et ses lois, ce n’est pas une élucubration. Les pavés dans les vitrines des permanences UMP, de bien piètres et frustrantes manières, de se rendre « justice ».
Et les tags sur votre porte, c’est du viol? Plutôt triste que de voir que pour leurs auteurs, se sentir exister passe par là. Cet exutoire, est d’une violence bien moindre comparativement au mépris que vous portez sur nous, et surtout face l’engagement de votre parti pour que notre situation empire.
L’ignorance des conditions de vie de la jeunesse populaire contemporaine, dont vous avez pu témoigner, révèle l’illégitimité que vous avez à en parler. Monsieur Rosselot, votre sympathique bonhommie ne trompe pas. Vous vous êtes non seulement affiché comme incompétent pour parler en notre nom mais surtout comme un ennemi.
Rien à attendre d’une réponse de votre part. Toute justification de vos propos ne pourrait faire face aux principes de notre réalité.
Si on ne signe pas, ce n’est pas par lâcheté, mais parce que nous n’avons pas envie d’entrer en dialogue avec vous. De plus, on vous présume capable de nous attaquer pour diffamation et de nous faire subir la violence de votre « justice ».
Monsieur Rosselot, en cette triste période de froid, aucune salutation ni voeux de bonheur. Vous contribuez à nos emmerdes et on aimerait bien vous le rendre. Recevez nos meilleures insultes, les plus irrespectueuses.
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